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Eudaimon II

by Delphine Dora

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1.
2.
The Presence 02:39
3.
Azrael 02:57
4.
Night Though 03:08
5.
Invocation 04:40
6.
The World 01:16
7.
8.
9.
10.
Joy 01:54
11.
12.
Purify 01:52
13.
Nocturne 01:50

about

Outtakes from Eudaimon (2018)

Ce n'est pas une suite. Un vinyle ou un CD offrent des capacités limitées. Pour le disque précédent il a fallu faire un choix parmi les trente morceaux enregistrés, Maxime Guitton s'est chargé de cette tâche, l'on peut comprendre comment il l'a élaboré. La première partie d' Eudaimon regroupe des poèmes que l'on définira comme théoriques, contemplatifs et philosophiques, la deuxième partie délaisse un tantinet ces aperçus métaphysiques et se rapproche du vécu individuel du poëte, il n'est pas toujours aisé de faire coïncider sa vie avec ses idées, surtout lorsque celles-ci ne vous traversent pas la tête, mais s'apparentent à des formes immuables, extérieures à votre situation dans le monde.
La couverture de cet album est moins percutante que celle d' Eudaimon. Une photographie de Delphine Dora de pied, dans une forêt, prise de loin. Des sapins derrière elle, sur sa gauche s'élève un énorme tas de rondin, preuve que l'exploration forestière bat son plan. Nous refuserons l'interprétation écologique sur l'empreinte carbone. Nous préférons y voir cette proximité entre la vie et la mort qui est au fondement de la poésie de Katleen Raine. Une photo plus subtile qu'elle en a l'air. Doit en exister quelques millions de semblables par le monde. Oui, mais il faut savoir lire entre les arbres.

The traveller : quel est ce voyageur, si ce n'est un ange qui marche dans la forêt du monde, pour une fois Dora chante vraiment, une mélodie à pleine voix mais discrète, le piano quant à lui accompagne, il ne se permet aucun commentaire dissident, l'en est dissuadé par la ferveur du timbre, non pas une prière, mais un dialogue, peut-être mieux : une entente.
The presence : plein-chant, discret certes mais présent, sans quoi comment être au plus près de cette présence, de cette autre rive, de ce pays où l'on arrive toujours, de ce royaume invisible qui ressemble tant au royaume près de la mer où repose Anabel Lee. La gravité du propos impose la sourdine au piano, le chant l'efface et l'annule.
Azrael : piano funèbre, Azrael est l'ange de la mort, le morceau est arrangé comme un requiem, ici Delphine Dora se confronte à la vision de Katleen Raine, une reine trop froide selon elle, Delphine conquise et fascinée mais peu encline à souscrire à de telles vues. Elle jette un regard mélancolique sur la beauté du monde qui rebondit sur les touches de l'instrument.
Night though : voix blanche et piano ralenti, Dora est entrée dans le corridor du monde, ce n'est pas le monde qui a changé mais elle qui perçoit sous son écorce chamarrée une couleur plus sombre intimement mêlée à l'apparence des choses, mais invisible, le rythme ralentit, n'est plus qu'une légère couche de neige froide sur laquelle il faudra bien s'aventurer, quoique le danger ne soit pas bien grand. Invocation : une certaine sérénité, car toute invocation repose sur un espoir, presque un chœur de demandantes, une voix se détache et la musique se brise, tout repart plus assuré, car l'on peut invoquer sans avoir une ferme volonté d'être exaucée, terrible solitude dans ce morceau malgré la surmultiplication des voix.
The world : piano évanescent, au contraire de la voix qui affirme la vanité du monde, que rien ne reste, que tout bouge, tout tremble, tout change, qu'il est nécessaire d'en prendre son parti et mettre ses actes en accord avec sa vision tremblante du monde.
Two invocations of death : la pièce la plus longue du disque, située à l'exact milieu, l'instant décisif, presque gaie dans sa première partie, l'on ne s'attend pas à ce chant folâtre, mais peu à peu la gravité du propos impose un certain trouble, l'hésitation est surmontée, le rythme est ralenti mais avance sûrement, une touche noire enfoncée, et les pas progressent toujours, rien n'arrêtera celle qui marche, elle entre dans la zone d'ombre éclairée par sa seule volonté, elle s'éloigne dans la nuit, est-elle celle qui marche ou est-ce un ange qui s'approche.
Spell of sleep : notes cristallines et chant pointu, venus du plus profond, le tout accompagné d'une voix de récitante creuse et comme désincarnée, si l'on traverse les états du sommeil, l'on voyage aussi dans les degrés de l'être. Plus loin que le rêve.
Spell against sorrow : hantise orphique qui descend sans fin sans espoir de retour, des notes de piano cassantes qui brisent les oreilles, est-ce le prix à payer pour atteindre l'autre rive, pour effacer tout ce que l'on laisse et connaître la Joy : chuchotements, elle n'est pas éclatante, elle claudique dans d'obscurs souterrains, de la voûte du piano tombent des notes qui s'écrasent avec des reflets d'eau lustrale. Isis wandered : Isis errante à la recherche si vous voulez du sexe d'Osiris mais pour Raine d'une plus grande compréhension du monde, sous toutes ses formes, de l'étrange acceptation des bêtes et de la tranquillité paisible des arbres, ceci pour une rive, et pour l'autre cet eudaimon incompréhensible qui nous pousse et nous devance sur l'autre rive, sur l'autre rêve d'un embrassement, d'un embrasement total, car si la nuit est égale au jour notre insatisfaction émerveillée est partout la même.
Purify : nous sommes passés par des siècles de purification intense, l'écorce de notre chair a enfanté un autre cercle et puis s'est dégradée jusqu'à ce nous soyons ombre translucide dans le royaume invisible. Nocturne : un tel titre sied à un pianiste, mais Delphine Dora ne chopine pas, elle est partisane d'une musique qui se décharne, qui se déquasme, qui se tait. La nuit se fait. Silence.

Eudaimon II est très différent d'Eudaimon ( I ). L'on comprend les choix de Maxime Guitton. Il a privilégié pour le premier opus, les morceaux qui retraçaient et explicitaient l'itinéraire poétique de Katleen Raine. Mais si Delphine Dora a tenu à collecter ce deuxième volume, c'est parce qu'elle a compris que ce premier opus ne révélait que la face claire, acceptable pour un large public de la poëtesse, mais qu'il en existait une autre plus sombre, qui conte par bribes essaimées dans ses recueils, ce que selon Nerval l'on appelle la traversée de l'Achéron. Dans les deux sens. Cycle orphique que chantera Rilke. Reste encore à s'interroger sur cette notion de présence chère à William Butler Yeats, dont Katleen Raine fut une fervente admiratrice. Pour ceux qui suivent certaines de nos chroniques, Yeats fut membre et même Grand Maître ( entre 1901 et 1903 ) de La Golden Dawn qui compta parmi ses membres Aleister Crowley... Pour ma part je rajouterais que si vous écrivez Eudaimon, Eudaïmon, vous n'êtes euphoniquement pas très loin de L'Endymion de Keats. Ce sont les vers que Percy Bhysse Schelley composa pour la mort de Keats que lut Mick Jagger au concert de Hyde Park en adieu à Brian Jones. Le monde est plus petit que l'on ne pense, même si certaines de ses sentes sont obscures."

Les chroniques du Pourpre par Damie Chad.

credits

released April 12, 2020

Delphine Dora : piano, vocals, composition, recording, mixing
Kathleen Raine : words

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about

Delphine Dora France

Delphine Dora est une musicienne, compositrice, improvisatrice de France. Sa musique iconoclaste peut se lire comme un travail de cartographie personnel, basée sur une approche intuitive de la composition et nourrie de nombreuses approches. Elle développe depuis une dizaine d’années un univers musical intimiste et pluriel, en perpétuel métamorphose situé au croisement de différents genres musicaux ... more

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